Les années 60 ont révolutionné la mode. Au point qu’il semblait inconcevable qu’elle puisse encore évoluer. Pourtant, les années 70 et suivantes vont éclipser tout ce qui avait précédé. C’est ce que nous vous racontons dans la deuxième partie de notre reportage.

A la guerre du Vietnam, la mode avait opposé les coupes et motifs saisissants du mouvement «flower power». La crise pétrolière l’avait ramenée vers la nature, avec des habits crochetés à la main et des patchworks. Dans les années 70, par le biais des nombreux contre-courants comme la tendance militaire, le punk ou le disco glam, la mode révéla une richesse et une variété jamais égalées jusqu’alors.

Mini-shorts, éléments folkloriques, tenues osées et éclectiques, grandes lunettes et motifs intéressants: c’est ce qu’on retient des années 70. Quelles sont pour vous les pièces incontournables?

Les années 70 étaient incroyables! A l’époque, je me trouvais à Rome. J’avais acheté des chaussures à plateau – inconcevable pour un homme – ainsi qu’une fantastique tenue en denim patchwork. Je pensais: «Que vont-ils dire lorsque je rentrerai en Afrique du Sud?» Mais je me sentais hyper bien! Dans mes jeunes années, il m’a fallu beaucoup de courage pour me balader dans les rues accoutré de cette manière. Il faut dire que j’ai grandi dans un trou au bord de la mer. L’endroit grouillait de matelots en uniformes, et moi j’étais là, dans mes pantalons multicolores. Tous ont réagi: qui avec étonnement, qui avec enthousiasme, qui avec jalousie… On m’a même piqué ma veste!

Epaulettes et blouses à volants: les années 80 étaient tiraillées entre technicité et popularité. Qu’est-ce qui vous vient à l’esprit en pensant à la mode de cette période?

Je pense à Maggie Thatcher. Pour moi, c’était l’époque des femmes de pouvoir. Cela s’est aussi exprimé dans la mode, avec un powerlook féminin aux épaules très larges et même, pour couronner le tout, un énorme nœud de ruban à la blouse. Tout était surdimensionné. La mode oversize – un look extrême qui a fait son retour aujourd’hui – puise son origine dans ces années-là. Les grands blazers, informes. Pour les hommes aussi, les coupes étaient droites, avec des pantalons à pinces larges, une tendance qui s’est prolongée jusque dans les années 90. Je dirais presque que tout était «too much»: coiffures crêpées, épaisses couches de maquillage aux couleurs criardes, boucles d’oreille gigantesques...

Dans les années 90, on a enfin vu des hommes dans les défilés de mode. Mais que portaient-ils? Et comment avez-vous vécu ces années?

Les années 90 ont vu apparaître le sida/VIH. Il fallait bien réfléchir à son mode de vie. Il y avait comme de la tristesse dans l’air. On avait davantage peur de la mort. L’euphorie des années 70 et 80 a pris fin. En réaction, la mode est devenue minimaliste. Le noir était la couleur phare, avec le look grunge et tout le mouvement qui l’accompagnait. Beaucoup de khôl noir autour des yeux, cheveux teints en noir, baskets noires, chemises noires. Avant, on ne portait du noir que pour les enterrements et les événements officiels. Au début, je n’ai pas pu m’y faire. J’ai pris mes distances avec le noir, mais la mode finit toujours par vous rattraper.

En fait, la mode s’est intériorisée, avec des lignes claires. Gucci et Tom Ford ont établi ce style. Soudain, toutes les coupes étaient près du corps. Un vrai culte du corps a vu le jour et avec lui la mode sportive, portée par des marques comme Ralph Lauren et Tommy Hilfiger. L’entraînement physique est devenu très important et on a commencé à parler de style de vie.

Quelles sont les tendances que vous ne souhaitez plus du tout revoir?

Pour ce qui est des années 80, il y a très peu de choses. Pour moi, ce sont plutôt les combinaisons farfelues. Quant au look uniforme et oversize, je n’ai jamais pu m’y faire.

Un grand merci pour cette entrevue!

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